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la représentation de "l'arabe" en france

Nabil Wakim, journaliste d’origine libanaise, a grandi en France après que ses parents aient quitté le pays en pleine guerre civile. L’article commenté paru dans Le Monde, daté du 30 septembre 2020, présente le nouvel ouvrage de ce journaliste « L’Arabe pour tous. Pourquoi ma langue est taboue en France » publié aux Éditions Seuil. Ce texte aborde la représentation sociale de la langue arabe, mettant en lumière un certain ethnocentrisme français, qui conduit des individus d’origine arabe à rejeter une partie de leur identité culturelle. 

L'auteur part d’un constat intime : il ne dispose pas de la même aisance linguistique en Arabe - bien que ce soit sa langue natale - qu’en français. Plus qu’un manque de compétence, Nabil Wakim déplore, nostalgiquement, le rejet dans sa jeunesse de tout ce qui se rapportait à l’arabité. Pouvant dialoguer, lire et écrire dans plusieurs langues européennes - français, anglais, espagnol - il se retrouve néanmoins dans l’incapacité d’écrire dans sa langue maternelle. Au fur et à mesure de l’article, l’auteur met en avant les conséquences de ce rejet linguistique juvénile, telles que son arrivée à l’aéroport de Beyrouth où les questions en arabe du douanier sont insoutenables. Un sentiment perdure, cette honte inlassable, ou plus précisément ce « discrédit sur soi » - la hchouma en arabe maghrébin - se ressentant lors de ses voyages au Liban ou bien dans sa vie quotidienne française. En effet, la stigmatisation de son identité arabe en France a selon lui, consciemment ou non, conduit à une dévaluation progressive de son image de la langue arabe. L’auteur, le justifiant par une raison de survie sociale, embrasse dès lors pleinement la culture européenne. De surcroît, le journaliste recueille plusieurs témoignages communs au sien, permettant ainsi de lier plusieurs expériences personnelles à un phénomène d’une plus grande ampleur, un débat propre à toute la société française. Dès lors, Nabil Wakim démontre que factuellement - la langue arabe étant parlée par plus de trois millions de personnes au sein de l’Etat - l’espace public français réserve malgré tout une place ingrate à la langue arabe. Un sociologue, Pierre Bourdieu en émettant que « les langues valent ce qu’elles valent socialement » fait ainsi écho à la représentation sociale négative du mot « arabe » en lui-même. Afin de comprendre d’où émerge cette image néfaste, Nabil Wakim plonge donc dans les abysses de la perception française du terme arabe, en partageant métaphoriquement la vision négative du « travail d'arabe » et l'abandon des racines du « bon arabe ».